Durant des années, Chebli comptait des cyclistes de haut niveau. Zaâf était un artiste des pistes et un athlète accompli.

Pendant plus de trente ans (jusqu’aux années 80), quiconque entendait le nom de Chebli pensait inévitablement à la course cycliste, à bicyclette, à «la petite reine», comme diraient les adeptes de ce sport.
En effet, il y eut une génération de sportifs de haut niveau dans ce domaine dans la région. Nous ne citerons, ici, que ceux qui avaient occupé la plus haute marche du podium : les Zaâf, père et fils. Zaâf Abdelkader (1917-1986), le «casseur de baraques», et son fils, Tahar, ce «pistard infatigable» qui rafla tous les prix pendant treize ans, de 1960 à 1973. Zaâf Tahar, né à Chebli, le 7 mars 1944, se lança dans le cyclisme en 1960 (à seize ans) et pour son coup d’essai, il réalisa un coup de maître, en terminant vainqueur de l’éliminatoire d’Alger du 1er Pas Dunlop (de cette même année).

C’était le début d’un brillant parcours jalonné de victoires. Il porta les couleurs des clubs cyclistes les plus prestigieux de cette époque (60/73) : le Club sportif musulman de Bir Mourad Raïs, l’Union sportive musulmane algéroise, l’Association sportive des PTT et du Vélo sport musulman, pour renouer, en fin de carrière, avec le club de ses premiers tours de pédales, à savoir le CSMB. Il fit le bonheur de ces clubs en participant à toutes les courses, aussi bien sur le plan régional ou continental que mondial. Tahar est mort le 11 janvier 2003. Les adeptes de «la petite reine», en particulier, et les habitants de Chebli n’oublieront jamais cet homme de talent, cet artiste des pistes et cet athlète accompli.

Ils garderont en mémoire ces moments de liesse et de fierté — ô combien nombreux ! — que cet homme a su donner à Chebli, cette petite localité du cœur de la Mitidja. Mais, amnésie ou ingratitude ? Chebli a pourtant oublié les Zaâf et leurs jours de gloire. La placette du centre-ville s’appelait la place Zahaf Abdelkader, aujourd’hui elle n’a plus de nom.Il y avait une très belle stèle représentant un cycliste arc-bouté à son guidon. Aujourd’hui, il n’en reste que des morceaux et la dalle commémorative, en marbre, portant son nom, a été remplacée par du granito avec un losange au milieu. Curieuse façon d’honorer ses célébrités !

Une lueur d’espoir cependant pointe à l’horizon : une petite équipe de jeunes cyclistes en herbe essaie, depuis une année (elle n’a pas encore reçu son agrément !), de se frayer son petit bonhomme de chemin pour pouvoir exister. Peut-être que grâce à elle Chebli renouera avec les pistes et retrouvera-t-elle sa place légitime de petite reine de la Mitidja !
 
El Watan - 15 mars 2012

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